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TRANCHE DE VIE


Image WIX - Femme prenant une photo

Hello hello la compagnie <3


Deux petits mois d'absence, ni vu ni connu. Ou peut-être bien que si.


L'élément déclencheur de cette disparition momentanée : la mort de mon Mac de 8 ans d'âge. L'Apple Store ne peut pas le réparer - ou plutôt si, ils peuvent changer la carte SSD pour la modique somme de 400€ ou peu s'en faut, mais je ne récupèrerai rien. Donc les fichiers de trame de roman pas encore sauvegardés sur le disque dur externe spécial Mac, c'est ciao ! Ceci dit, je dois tout de même trouver une solution à cette situation - aka appeler un réparateur non agréé pour voir si la facture ne serait pas moins salée. Quitte à rallonger la durée de vie de mon ordinateur de quelques années, autant le faire à moindre coût puisqu'il est déjà outdaté.


Ainsi, les deux derniers articles - ceux de mars 2023 pour ceux qui ont suivi - étant programmés, la disparition ne fut pas aussi longue qu'elle aurait dû l'être.


Puis le mois d'avril a fini de m'achever. En déplacement professionnel trois semaines sur quatre dont deux semaines vraiment intenses sur tous les plans - physique et moral -, autant dire que prendre le clavier n'était pas la priorité.


Et enfin, j'ai lu. Beaucoup. J'ai donc négligé écoute de podcast et écriture en tout genre.


Je me remets dans le bain avec un article de blabla, de pensées déposées là à la merci de votre critique. J'ai plusieurs articles voyage qui attendent - as usual - mais vous ne m'en voudrez pas. Récemment, j'ai eu quelques réflexions de comptoir que j'avais envie de partager avec vous ...


1 - LinkedIn, le monde de l'ego sous couvert d'inspiration


Depuis près d'un an, je me surprends à passer de plus en plus de temps sur LinkedIn ... mais pas du temps productif malheureusement. En effet, plus ça va, plus les gens, omnibulés par le personal branding, la visibilité et autres réjouissances, postent des textes à rallonge, caricaturaux, un peu chocs, un peu sensas', un peu vides parfois aussi ... tout ça pour quoi ? Pour courir après le reach et l'engagement - en d'autres termes, les like et les commentaires -, comme sur les autres réseaux sociaux, comme Instagram notamment. Alors oui, la visibilité fait vendre. Et c'est bien ce qu'une bonne partie de ces personnes recherchent, puisque maintenant, LinkedIn possède un algorithme qui agit comme celui d'Instagram : les publications que l'on voit ne sont plus seulement celles des personnes avec qui l'on est connecté, mais aussi celles avec lesquelles les personnes de notre réseau ont interagi. Et puis à une époque, j'acceptais un peu n'importe qui sur LinkedIn, donc maintenant, je vois un peu n'importe quoi.


A qui raconte son histoire inspirante, professionnelle ou non, ou bien celle d'une autre personne de moins de 30 ans, à qui s'autocongratule tout en écrivant qu'il est important de reconnaître ses succès (je suis d'accord) mais que ce n'est pas de l'ego (je ne suis pas d'accord - revoir la définition d'ego), ou bien te donne une leçon de morale sur toute ta génération, à qui fleurte avec la bien-pensance sans s'en rendre compte (ou délibéremment) ... Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : tout n'est pas à jeter, il y a vraiment des parcours inspirants, des expériences de vie hors norme qui méritent toute notre attention, des solutions, des découvertes, des inventions qui devraient faire plus de bruit. C'est juste que parfois, c'est un peu too much, voire déplacé, ou bien clairement une vague sur laquelle tout le monde surfe après avoir lu le quinzième poste sur le même sujet d'actualité qui dit exactement la même chose avec une accroche téléphonée ...


Outre ces publications, l'enfer - aka ma perte - se trouve dans les commentaires et les "débats" que l'on peut y lire ... J'écris bien "débat" entre guillemets car là encore, c'est creux et sans réel intérêt : comme sur les autres réseaux, la plupart du temps, les gens balancent leurs opinions comme la vérité avec un grand V et refusent en réalité tout dialogue, usant à l'envi un ton hautain et méprisant, s'insultant presque en deux lignes ridicules sur un réseau social qui dérive.


Je me surprends parfois à écrire un commentaire pour répondre à quelqu'un avec qui je ne suis pas d'accord, à perdre 15-20 minutes pour trouver la bonne phrase, le bon argumentaire, pour rester courtoise, éviter le contre-sens, la surinterprétation de mes propos, assurer une discussion et non un gueuloir écrit ... puis j'efface tout, car à quoi bon ? A quoi bon tenter d'ouvrir le dialogue avec de parfaits inconnus sur LinkedIn, en commentaire où l'on n'a droit qu'à 2000 caractères pour s'exprimer et où l'opinionite aigüe règne en maître ? Car ouvrir le débat avec untel revient à l'ouvrir avec Jean, Paula et Jacques par la même occasion, et à s'exposer à une déferlante de notifications qui certes font bondir la dopamine au plafond, mais crée aussi chez moi une véritable anxiété : répondre vite mais pas trop, ne pas perdre de temps et y passer des heures, mince iel n'a rien compris à ce que je voulais dire, car mes idées ne sont ni toute noires, ni toute blanches.


Et surtout, y perdre des heures. Et des heures. Et des heures. Le but de tout réseau social - et c'est peut-être là le coeur de mon problème : LinkedIn est un réseau social professionnel (à la base), qui devient, hélas (?), un réseau social tout court. Et je suis déjà addict à Instagram, on va pas en rajouter une couche avec LinkedIn quand même ?! Suis-je donc une vieille aigrie réfractaire au changement ? En écrivant ces lignes, je réalise que c'est peut-être déjà trop tard pour moi, et que bientôt, moi aussi, je posterai des choses pareilles ... Au secours, confisquez-moi mon téléphone !



2- Le rejet du système des grandes écoles à la côte


Pour certains, ça sclérose la France, ça renforce le déterminisme social et ça favorise l'entre-soi. Il y a du vrai. Et il y a du faux. Pour certains, on peut se faire "tout seul", on apprend rien en école, c'est une perte de temps. Il y a du vrai. Et il y a du faux. Pour certains, c'est bien mieux dans d'autres pays où il n'y a pas cette hégémonie du diplôme et où on fait attention à ton parcours. Il y a du vrai. Et il y a du faux.


Même si je ne peux nier une part de vérité, je ne partage pas la plupart des assertions ci-dessus et je considère qu'une personne qui pense que ses études supérieures en grande école n'ont servi à rien se met le doigt dans l'oeil - c'est un peu comme craché dans la soupe, quoi. Je ne suis pas fermée aux arguments - oui, on apprend beaucoup de théorie et peu de cas concret, oui on apprend davantage sur le tas, oui la réalité du monde du travail est bien différente de ce à quoi on nous a préparé en école. Et en même temps, non.


Déjà, je pourrais relier les arguments "ça sclérose la France" et "c'est mieux ailleurs". Pas besoin d'avoir fait l'X, Science Po ou HEC pour réaliser que dans les autres pays, c'est pareil - ni mieux, ni pire, juste différent et identique à la fois. Il n'y a pas de "grande école", mais il y a de grandes universités : c'est plus prestigieux d'étudier à Politecnico di Milano qu'à Florence ; c'est plus prestigieux d'étudier à McGill qu'à l'UQAM ; c'est plus prestigieux d'étudier au MIT, à la LSE, etc ... les universités de l'Ivy League sont bien plus prestigieuses que n'importe quelle grande école française. Donc oui, la méritocratie est partout, le piston, le réseau, aussi. Sans oublier l'argent. Mais une école d'ingénieur en France, même une prestigieuse comme Centrale, est bien plus abordable qu'une université canadienne ou américaine lambda. En France, on a également le système des bourses - aux USA aussi me direz-vous, mais principalement au mérite et grâce au sport, pas tant en fonction des revenus des parents. Est-ce donc vraiment ce système qui sclérose la France ? ou bien les mentalités ? Si ça ne le sclérose pas ailleurs, pourquoi ça le scléroserait ici ? Bon ok, pour Science Po / l'ENA, la plupart de nos politiciens viennent de ces écoles, on tend donc à la pensée unique puisque, quoiqu'on en dise, une école nous forme à réfléchir et donc à penser d'une certaine manière.


Donc, ça favoriserait bien l'entre-soi ? Oui et non encore une fois. Question de mentalité. Disclaimer, je vais faire des généralités. En France, on a toujours vu d'un mauvais oeil la réussite - c'est grâce au piston ! Maintenant, on dit réseau - les mots ont une importance -, mais les mentalités peinent à changer : les vieux de la vieille (pas forcément des vieux d'ailleurs) pensent toujours "piston". Dans les pays anglosaxons, c'est normal de parler à un ami, une personne rencontrée en soirée, de faire jouer ses relations pour saisir des opportunités. Le self-made man est un mythe : cela désigne souvent une personne partie de rien, qui a gravi les échelons petit à petit et sans passer par la case université, et qui arrive à un statut social élevé, normalement accessible à ceux qui ont les moyens - mais cette personne, elle a bien croisé des gens, elle a bien présenté son projet, il a bien été accepté, elle a bien bossé pour prouver au monde qu'elle existe et qu'elle vaut la peine ! Donc sur le chemin de la réussite, elle n'était pas seule, sinon il n'y aurait pas eu de "réussite". Et l'entre-soi ... personnellement, je ne l'ai jamais ressenti puisque je n'ai pas intégré une grosse boite encore à l'état de mammouth qui pratique des grilles salariales basées sur le diplôme. Peut-être ne suis-je donc pas si bien placée pour en parler.


Vient maintenant le tour de démonter l'argument du déterminisme social. Oui, si tes parents ont fait des études, tu as plus de chance statistiquement d'en faire également, car tu as pu recevoir une éducation et une culture assez large (musée, bibliothèque, etc ...). Oui, tu as aussi plus de chances de devoir répondre à une pression sociale et donc à t'engager dans des études dites prestigieuses qui ne te plaisent pas pour faire plaisir à ton père, ta mère, ton grand-père, leurs voisins et toute la cité. Combien d'ami(e)s ont fait des études pour faire plaisir et changent de carrière du tout au tout une fois leur diplôme en poche ? D'autre part, il est aussi des parents - immigrés/expatriés de première génération, ou classe "ouvrière" - qui poussent souvent bien plus leurs enfants à faire de telles études car c'est un moyen de sortir de sa classe sociale et de s'ouvrir des opportunités. Combien d'ami(e)s ont été le premier diplômé de niveau universitaire de leur famille et ont de bien belles carrières aujourd'hui ? L'accessibilité à ce type d'études est bien plus importante en France qu'aux USA de mon point de vue. Donc au-delà du déterminisme inévitable - j'en suis un exemple d'une certaine façon -, c'est aussi un tremplin social indéniable.



Enfin, dire qu'on n'y apprend rien, c'est vraiment n'avoir rien compris. #unpopularopinion. Bien évidemment que peu d'élèves d'écoles d'ingénieur se serviront encore de matrices ou d'intégrales dans leur job - en grande partie car les logiciels et les machines le font à leur place, ou bien car ils ne sont finalement pas amenés à avoir des emplois scientifiques. Mais c'est comme pour l'écriture : il a fallu apprendre l'alphabet bêtement avant de comprendre comment les lettres s'associent pour créer des sons, avant d'apprendre à lire et à écrire. Bien plus qu'une théorie, tu apprends à travailler : à donner des gros coups de collier en période de charrette, à réfléchir pour trouver une solution à un problème, à aller chercher l'information et à en vérifier les sources, à mémoriser les données importantes, à synthétiser, à vivre en communauté, à faire avec les egos et les avis des autres, à faire partie d'une équipe et à mener à bien des projets. Tu as également acquis une certaine culture générale et même si tu ne t'en souviens pas dans ta vie de tous les jours, si tu en as besoin, tu vas savoir chercher et trouver l'info qu'il te faut. On peut également apprendre tout cela en université, là n'est pas la question.


La question, c'est plutôt in fine de savoir quelle structure est bonne pour toi ou non. Comme pour l'entreprenariat vs le CDI en entreprise, certains ne sont pas faits pour l'université, certains ne sont pas faits pour les écoles. Outre la pression sociale - on ne va pas se mentir -, j'ai choisi d'aller en prépa/école car je n'avais pas confiance en mes capacités à m'adapter en université à la sortie du lycée et après avoir passé des années à un rythme quasi militaire en sport-étude - aka je pensais sincèrement que je n'allais rien faire et que je ne ferais rien de ma vie.


3- Le Canada a fait de moi une enfant gâtée


A cause du service.


Globalement, il existe au Canada une culture du service. Alors, oui, ça vient certainement du concept du pourboire : ce dernier n'est pas obligatoire, mais d'usage, et ne pas en donner signifie que vous n'avez pas aimé le service. Les serveurs et serveuses dans les restaurants sont même payés en-deça du salaire minimum et la différence est censé être comblée par le pourboire, puisqu'en revanche les impôts et les taxes sont basées sur le salaire minimum quoiqu'il advienne. Ce qui a donc tendance à inciter ces professionnels a donner un bon service. Cette culture s'étend au-delà du domaine de la restauration : de mon expérience, il est relativement rare d'obtenir un mauvais service dans une adminitration (oui, ça peut être long et compliqué de faire un visa, mais globalement, on trouve une réponse à sa question), et vous pouvez y choisir votre langue de prédilection parmi les langues officielles (anglais ou français). Ceci a fait de moi une enfant gâtée, exigeante (comme si je ne l'étais pas déjà) - voire instransigeante - et ultra-critique sur le service que je reçois dans des situations où j'attends d'en recevoir.


Alors quand un employé de magasin de vêtement jette un pantalon sur un banc devant moi et me donne la mauvaise coupe alors que je lui ai spécifié en amont ce que je cherche, je vois rouge. Quand j'attends plus d'une heure que quelqu'un vienne prendre ma commande, je vois rouge. Quand à un événement international, l'un des organisateurs vient parler doucement à la première personne de la file pour les navettes dans l'une des langues du pays sans s'adresser à toute la file pour donner une information générale, je vois rouge.


Et je râle - en bonne française. Mais quel service de m*rde !


Et puis je me dis qu'il faudrait que je me détende un peu, que j'arrête de comparer et que j'apprenne à vivre avec les façons de faire de là où je suis. Tout le monde n'a pas la même temporalité, la même exigeance, le même rapport au service. Les gens sont sympas quand même. Sauf celui qui jette des pantalons, faut pas déconner.



Allez, c'est tout pour moi pour aujourd'hui. J'espère que vous avez souri ou que vous vous êtes insurgés en lisant ces lignes. Un peu de réaction dans ce monde aseptisé, ça nous fait pas de mal - mais ne poussez pas l'opinionite trop loin, ça pourrait être dangereux !


Et pour finir en beauté, une conversation très intéressante avec un philosophe qui n'a pas sa langue dans sa poche - qui donne parfois l'impression qu'il aime s'écouter parler, mais qui soulève des points fort pertinents : Raphaël Enthoven au micro de Louise Aubery dans In Power Podcast. Et puis, une belle leçon d'humilité et une belle vision de la vie avec Jean-Luc Reichmann dans un autre épisode de ce podcast.


Bonne lecture, bonne écoute, bonne journée


xoxo

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