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CHRONIQUE LITTÉRAIRE : LECTURES DE L'ÉTÉ



Hello chère lectrice, cher lecteur !


C'est la rentrée, et ça y est, la pluie fait son come-back à Bruxelles ! On a été très chanceux, il paraît que c'était un été exceptionnel ! On en a bien profité (surtout après l'été pourri de l'an dernier ... qui se souvient qu'on avait ressorti les pulls en juillet 2021 ?!), on a vadrouillé pour une journée par ci par là, comme vous l'avez lu dans les articles précédents et comme vous le lirez dans les prochains qui s'en viennent (on a même traversé la France pour aller au bout de la terre, dans le Finistère).


Bref, aujourd'hui, suite à ma consommation massive de livres et à quelques story Instagram qui semblent avoir emballées plusieurs d'entre vous, voilà un petit article spécial lecture. Je vais réfléchir à comment intégrer des chroniques littéraires sur le blog ... peut-être une par saison ? Bref, commençons sans plus tarder avec celle-ci.


Avant d'aller plus loin, l'idée est de vous partager mes lectures et MON avis. Bien entendu, il est subjectif et il ne tient qu'à moi. Et comme il en faut pour tous les goûts, un livre qui ne m'aura pas plu vous enchantera probablement. Ceci étant dit, cela m'a fait me poser des questions : à quel point les goûts de lecture peuvent-ils vous en apprendre sur quelqu'un ? Vous avez 4h.


Juin- Juillet



Si vous aimez l'Histoire, et surtout la période des intrigues et de l'affaire des poisons, du règne de Louis XIV et de la cour de Versailles, vous serez servi. Ce n'est pas un roman, c'est une enquête, quasi scientifique, pour percer le mystère de cette affaire et essayer d'en tirer la vérité.


Jean-Christian Petitfils prend chaque argument, chaque archive, chaque point de vue, les décortiquent, les fait converger, en émet des hypothèses et finalement nous révèle toute la complexité de l'affaire. Qui ment ? Qui dit la vérité ? Qui est impliqué ? Comment, aujourd'hui, démêler le vrai du faux avec toute la censure qui a sévi et le peu d'archives qui a survécu ? Un travail de recherche et de réflexion titanesque et passionnant.



Cet architecte japonais déplore le "tout-béton" du XXème siècle et essaye de remettre au goût du jour des techniques ancestrales en utilisant les matériaux locaux et en s'inscrivant dans l'environnement à merveille.


Chaque chapitre présente l'une de ses oeuvres et il y explique la réflexion autour des matériaux menant au choix final, l'architecture en elle-même qui en découle, la notion de pureté du matériau, les valeurs japonaises, et sa façon de fonctionner.


Si vous aimez l'architecture, cela peut ouvrir vos perspectives (et vous donner envie de voyager au Japon ...). Pour confronter les points de vue, l'une de mes prochaines lectures est sur Tadao Ando, un autre architecte japonais, qui lui, n'utilise presque que le béton.



Les fans du gentleman-cambrioleur auront plaisir à découvrir ce petit roman. Adrien Goetz ressuscite pour nous Lupin et transpose ses aventures à notre époque. Chaque chapitre est un hommage à l'un des romans de Maurice Leblanc, et Lupin, toujours plus coquin, en fait voir de toutes les couleurs aux différents protagonistes.


Ce n'est pas le livre de l'année (il est paru en 2015 anyway !), mais c'est une bonne lecture de plage pour les nostalgiques du personnage. Un peu drôle aussi. Ceci étant, il est un peu dommage que l'histoire soit à moitié ficelée et que certains chapitres soient quasiment indépendants des autres.


Août



Si vous ouvrez ce livre pour le roman, reposez-le tout de suite. Le personnage principal n'est pas très développé, l'histoire est bancale (mon père a fait un trek au Népal donc j'ai quelques notions ...), et personnellement je n'ai pas aimé la façon dont les concepts de développement personnel sont amenés - pour moi, c'est une nouvelle forme d'injonction très limite, et le personnage qui joue le rôle du guide est à mon avis emprunt d'une fausse bienveillance ... Le pompom je pense, c'est le moment où il dit à l'héroïne qu'elle n'a pas le mal des montagne mais que c'est le non-alignement de son coeur et son mental qui lui donnent la nausée. Maybe. Mais à plus de 4000 m d'altitude, alors que le trek a commencé il y a moins de 6 jours, qu'il n'y a eu qu'un jour d'acclimatation à Katmandou pour quelqu'un sans entraînement, c'est aussi fort possible que ce soit le mal des montagnes (et si vous ne me croyez pas, regardez l'ascension du Kilimandjaro de Lena Situations : ça arrive !). Bref, je n'ai pas accroché du tout et j'ai eu du mal à le terminer.


Il est aussi fort probable que mes attentes fussent trop élevées, puisqu'on me l'avait chaudement recommandé. Un peu comme tous ces gens qui sont déçus lorsqu'ils voient les Chutes du Niagara ... what ?! Après si vous restez côté USA, je ne peux rien pour vous : toute leur beauté se révèle côté Canada !


En revanche, si vous considérez ce livre comme un livre de développement personnel pur et dur et que vous voulez y surligner les concepts sans faire attention au style ... alors pourquoi pas. Chaque chapitre correspond à un précepte de développement personnel, se basant sur un exemple, une situation dans laquelle se trouve l'héroïne en l'occurence. Et au cas où vous ne suivez pas, elle fait elle-même des petits récapitulatifs à plusieurs reprises au cours du livre.


Pour ceux qui attachent tout de même une importance au style, les romans de Raphaëlle Giordano sont bien plus agréables à lire.



Après la lecture douloureuse du précédent, j'ai avalé ce roman policier comme un bonbon. Un style parfait, une intrigue léchée, bref j'ai adoré : je me suis laissée embarquer dans l'histoire comme si j'y étais et je me suis laissée berner (j'avais tout faux sur le tueur !). On est vraiment plongé au coeur de l'Alabama dans les années 1960, au milieu de tous les problèmes raciaux de l'époque, de la difficile émancipation des noirs, des préjugés et des injonctions sociales lourdes, des questions importantes, des dysfonctionnements du système ... Bref une pépite au cours de laquelle on rit, on pleure, on s'insurge.


Les personnages sont profonds, ils se dévoilent petits à petits, ils doutent, ils réfléchissent, ils sont palpables. Si vous aimez les romans policiers de Joël Dickers, vous risquez de dévorer celui-ci - et je pense même qu'il est mieux écrit - ou bien si vous avez lu et adoré comme moi La couleur des sentiments - Kathryn Stockett, vous ne vous trompez pas en entamant cette lecture.



En lisant la 4ème de couverture, je m'étais imaginé une toute autre histoire. J'ai été un peu déstabilisée par les premières pages, puis j'ai été happée dans ce roman comme une feuille est ballotée par une bourrasque inattendue. Entre roman d'aventure rocambolesque, quête de soi, mélange des époques, psychologie des personnages, cette histoire soulève des questions existentielles et de morale : qu'est-ce que le bien, qu'est-ce que le mal, d'où vient-on, qu'est-ce que la famille, l'identité, la morale ? pourquoi voyager ou non ? Sans oublier de lever le voile sur des sujets comme le racisme, la sexualité, la guerre, la colonisation ...


L'auteur démontre également une belle maîtrise de l'écriture, alternant les points de vue et les types de narrations. Bref, je vous recommande cette petite pépite de 768 pages (ça se lit vite, promis !), aussi drôle qu'émouvante, surprenante qu'insoupçonnée.



Si vous aviez raté l'info, la chanteuse de "La femme chocolat" écrit des romans, et elle écrit bien. C'est assez étonnant qu'inconsciemment, j'ai choisi ce livre à la suite de "Loin", car ici aussi on aborde les sujets comme l'identité, le secret, la famille, les origines, et une forme de voyage ... sur fond de guerre civile espagnole, de sud de la France et d'amour. Chapitre par chapitre, lettre par lettre, objet par objet, la protagoniste principale dévoile toute la complexité de son humanité, tous les non-dits sur plusieurs générations et toute sa force de vie et d'amour.


Là encore, on rit, on pleure, on garde un petit goût "bittersweet" au fond de la gorge une fois la dernière page tournée. Et invariablement, on se pose des questions sur sa propre famille : quels secrets sont enfouis dans la tombe de nos aînés ?



Si vous aussi vous avez tenté la lecture du "Deuxième Sexe" de notre chère Simone et en êtes sorti mitigé tant le style est aride (bonjour les phrases qui font 1 à 2 pages !), cette nouvelle devrait vous réconcilier avec son écriture. On retrouve d'ailleurs dans "Mémoires d'une jeune fille rangée" une autre version de ce texte. Pour vous la faire courte, c'est une nouvelle fortement inspirée (quasi-autobiographique) de sa vie et de son amitié avec Zaza, décédée trop jeune d'une encéphalite.


Cette nouvelle dénonce notamment la condition de la femme qui ne travaille pas dans la bourgeoisie de l'entre-deux guerres, mais doit se plier à tout un tas d'injonction (y compris se marier par convenance), qui croule sous le poids de sa famille et des traditions, qui doit nagé au milieu des non-dits, et qui intériorise tout son malêtre jusqu'à une issue fatale. C'est aussi une ode à l'amitié, puissante et intime.


Dans l'édition que j'ai choisi, cette nouvelle est suivie d'une autre, "Malentendu à Moscou", qui elle aborde le sujet de la vieillesse, de la communication, et des relations humaines avec délicatesse et une petite pointe de mordant, s'inspirant également de faits réels, dépeignant sa relation avec Jean-Paul Sartre. Cette nouvelle révèle aussi une belle maîtrise de la narration, les points de vue s'alternant avec subtilité.


***


Et vous qu'avez-vous lu cet été ? Faites-moi rêver et j'irais peut-être les ajouter à ma pile de livres à lire !


Pour répondre à la question posée plus haut, "qu'est-ce que nos lectures révèlent sur nous ?", je dirais que cela met plusieurs choses en lumière :


- Tout d'abord, qu'il en faut pour tous les goûts, et que cela ne s'explique pas vraiment, au même titre que certaines personnes n'aiment pas le chocolat ou le fromage (je vous jure, ça existe, mais ce n'est pas moi !) ;


- Ensuite, que chacun recherche quelque chose de différent dans la lecture - personnellement, j'ai envie et besoin que ce moment que je m'accorde soit agréable, que la lecture soit fluide, que l'intrigue soit bien ficelée, ou encore que j'en retire quelque chose, que ce soit une nouvelle connaissance ou une réflexion. Et je suis assez exigeante avec le style littéraire, il faut l'avouer. Ceci étant, parfois, on recherche autre chose dans la lecture : de l'information par exemple, et alors la forme passera au second plan, après le fond ;


- Enfin, nos lectures révèlent aussi l'époque dans laquelle nous vivons. Comme dans tout, il y a des modes et des effets de style : la mode est au roman de développement personnel, ils fleurissent comme des champignons, la mode est à l'écriture au présent et aux phrases courtes, l'influence du web s'invite en format poche, la mode est à la narration homodiégétique et à la subjectivité, est-ce là un biais narcissique ou au contraire un moyen de dénoncer et révéler notre absence de contrôle sur le monde extérieur ? Alors bien sûr, si vous lisez uniquement des "classiques" (qui n'en étaient pas forcément à l'époque de leur parution), cela ne veut pas dire que vous vivez dans une autre époque, simplement que vos goûts ne s'accordent pas avec ceux d'aujourd'hui et c'est ok, car la mode est cyclique et éphémère.


Alors, any thoughts ?


À dans deux semaines pour le prochain article ! D'ici là prenez soin de vous (et lisez beaucoup !),


xoxo


P.S. : j'ai rédigé cet article au "vous" ... parfois, c'est au "tu". Entre les deux, mon coeur balance et je te présente mes excuses pour ce manque d'homogénéité et de constance sur le blog <3

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