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CHRONIQUE LITTÉRAIRE DE L'HIVER 2022-2023



Bonjour cher rat de bibliothèque, lectrice boulimique et autre compagnon de lecture !


En décembre et en février, je n'ai pas lu, j'ai avalé les livres. Si bien qu'au total, on est sur un record d'1 livre par semaine cet hiver - soit 12 livres, dont des livres de poches de plus de 500 pages. Comment ai-je fait ? Il n'y a pas de mystère : j'ai écouté moins de podcasts, j'ai rogné sur mon sommeil et j'ai passé une ou deux journées dans mon canapé à ne rien faire d'autre. Mais j'ai adoré - car j'adore lire depuis toujours.


D'autre part, les lectures choisies n'étaient pas des essais compliqués comme "Le Deuxième Sexe" de Simone de Beauvoir, cela aide aussi à accélérer la lecture. Et enfin, je dois dire que j'ai fait la part belle aux autrices et aux personnages principaux féminins, et qu'on sera sur la même lancée pour le printemps.


Sans plus attendre, voici ma chronique littéraire nivale et mes avis subjectifs.


DÉCEMBRE



Je pense que bon nombre d'entre vous ont déjà entendu parler de cette saga en sept tomes, qui a été récemment mise en avant dans les librairies. Et je dois dire que l'histoire et le concept sont assez chouettes et que je finirais probablement la série pour diverses raisons - curiosité, moment agréable -, le tome 2 étant d'ailleurs d'ores et déjà dans ma pile à lire. D'autre part, cela se lit très bien, c'est fluide et simple - hormis quelques passages où j'aurais affiné la traduction. Enfin l'intrigue, qui nous emmène de l'Europe au Brésil, nous tient en haleine dans ce premier volet, et on devine que chaque histoire indépendante en apparence n'en forme qu'une en réalité, que l'on découvrira au fil des tomes.



Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu un roman de Marc Levy - et j'avais adoré son premier, "Et si c'était vrai ?", il y a presque 20 ans (j'étais donc une pré-ado à l'époque, vous pouvez faire les calculs). Il a souvent de bonnes histoires et un style fluide et simple, facile à lire. On est rapidement embarqué dans l'intrigue, on glisse à travers les époques, entre l'Europe et l'Amérique du Nord, et bien que le scénario puisse être un peu téléphoné, on n'est pas à l'abri de quelques surprises et somme toute, on passe un agréable moment de lecture. J'ai particulièrement apprécié les clins d'oeil aux Beatles et aux expressions québécoises. Et ça m'a donné envie d'écrire un roman policier (les bases sont posées, à voir pour l'écriture - je suis un peu dispersée en ce moment).



J'aime beaucoup le style d'Eric-Emmanuel Schmitt, et ce recueil de cinq nouvelles ne déroge pas à la règle. De Bruxelles aux Alpes, en passent par Vienne et l'Islande, j'ai l'impression que ce livre n'attendait qu'une chose : que je le dévore ! Du suspense, de l'émotion, du piquant, des rires, des personnages forts et plus vrais que nature, et ce dans chacune des nouvelles, bref un petit bijou.



Mes lectures de décembre m'auront décidément fait voyager et m'auront ramenée sur mes propres traces ou presque. Nous voici ici au Québec. Comment définir cet écrit ? Est-ce un essai, un journal, une autofiction ou un roman ? Un peu de tout cela à la fois peut-être. Il me semble qu'il est aussi qualifié d'éco-féministe. Car on y parle de la vision d'une femme, de sa sexualité, de son indépendance, et aussi de son rapport à la nature - aller s'isoler seule dans une cabane au fin fond du Québec en plein hiver, faut le vouloir. Le style est intéressant, sans beaucoup de fioritures, très direct, constellé d'expressions québécoises - dont certaines que j'ignorais malgré quatre années de vie à Montréal. L'histoire est inédite, m'a interloquée au début puis m'a laissé une bonne impression par la suite.



À travers cette lecture, j'ai pu expérimenter ce qu'éprouve mes amis, connaissances et membres de ma famille en lisant mon propre livre : en effet, connaître l'auteur.ice laisse un sentiment étrange. On cherche la vérité cachée, le détail autobiographique. On croit les trouver et il en ressort alors une certaine difficulté à rester objectif. Avec Sarah, on patinait ensemble, on était donc à la fois camarades et compétitrices. J'étais un peu plus âgée et j'avais peut-être un peu moins de talent ou de volonté, j'ai donc quitté le monde du patinage avant elle et on s'est plus ou moins perdu de vue.


Le sujet de ce roman est loin d'être joyeux : une famille dysfonctionnelle, des amitiés toxiques, des relations compliquées, un passé trop envahissant ... J'ai été envahie par une sensation de malaise tout au long de la lecture. Je ne sais pas si c'est uniquement dû au texte ou bien si le fait que l'on se connaisse n'y soit pas pour quelque chose. Toujours est-il que c'est très bien écrit, un très joli style, parsemé ici et là de reflexions intéressantes que l'on a envie de garder et de citer.


JANVIER



"Les inséparables" m'avait réconcilié avec le style de Beauvoir (en même temps, quelle idée de commencer par "Le Deuxième Sexe" !), puis au détour d'une vidéo d'une autrice sur Instagram (comme quoi, ce n'est pas toujours une perte de temps) pour qui "Mémoire d'une jeune fille rangée" était l'un des livres préférés, je me suis laisser tenter par cette lecture. Verdict : j'ai beaucoup aimé et en même temps, j'avais hâte d'en finir. Connaissant plus ou moins l'issu du livre, j'ai pu avoir eu l'impression que cela trainait un peu en longueur - ou bien était-ce simplement mon impatience qui s'en mêlait. Cette autobiographie, ces mémoires, relatent l'histoire de Simone de Beauvoir de sa plus petite enfance, avant la naissance de sa soeur, jusqu'à sa vie de jeune adulte, sa rencontre avec Sartre et la mort de Zaza.


Je retiendrais que cet écrit dresse un beau tableau de son époque - le début du XXème siècle - sur une trame autobiographique : dans un style fluide et bien plus agréable que "Le Deuxième Sexe", on plonge tout à la fois dans une analyse de sentiments, dans des remises en question de diverses croyances digne d'une démarche scientifique, dans une critique de la bourgeoisie et dans différents courants de pensée qui s'entrechoquent. Ce livre, bien que subjectif et personnel, est également universel, témoin de son temps et des carcans qui ont fini par voler en éclats suite aux guerres, aux bouleversements économiques et sociaux et aux changements politiques. À lire par pur plaisir ou à étudier comme relique de notre Histoire, toutes les raisons sont bonnes pour mettre ce livre dans votre PAL si ce n'est déjà fait.



L'entrée en matière de ce livre, chaudement recommandé sur toutes les plateformes par plusieurs influenceurs littéraires (yes, it's a thing), m'a quelque peu perturbée. J'ai eu un peu de mal à rentrer dans le style (la traduction ?), ne voyant pas où l'histoire allait nous mener. Puis à partir du deuxième chapitre, je me suis laissée happer par l'intrigue, et je n'ai plus lâché le livre, attendant avec impatience la fin de ma journée de travail pour me plonger dans la lecture dès que possible - aka dès que je posais les fesses dans le train du retour.


À travers ce récit, on redécouvre l'histoire de Circé, de l'Iliade et de l'Odyssée, du point de vue interne du personnage principal éponyme : Circé parle au "je", c'est sa version des faits, ses émotions, son regard sur les événements si connus des mythes grecs qui ont bercé mon enfance. C'est un exercice intéressant et une lecture agréable.


FÉVRIER



Près de 2500 pages avalées en deux semaines à peine. Voilà comment je pourrais résumer mon avis sur "Les fiancés de l'hiver", "Les disparus du Clairdelune", "La mémoire de Babel" et "La tempête des échos". J'ai clairement un train de retard avec cette saga dont le premier tome était sorti en 2013 - il y a donc 10 ans. Je suis tombée dans l'univers comme le personnage principal passe à travers les miroirs - avec une étonnante et poignante facilité. J'ai adoré, du début à la fin - oui même la fin, que j'aurais voulu autre, mais qui à mon sens est tout de même la meilleure possible -, j'ai senti les influences de tout ce que j'aime et qui m'influence également - "À la croisée des Mondes" de Philip Pullman, les chefs-d'oeuvre de Miyazaki, "Harry Potter" de celle qu'on ne présente plus, J.K.Rowling, etc ... -, et j'ai vécu au même rythme que les personnages toutes leurs péripéties : mon coeur battait la chamade, j'ai rigolé, pleuré, grondé d'indignation, ... bref, je ne lisais pas, j'étais dans l'histoire - j'en ai même rêvé. Est-ce que ça tournait un peu à l'obsession ? Peut-être. Peut-être que cela m'a autant touchée aussi , car c'est le genre d'histoire que je sens bouillir en moi et qui n'a pour l'instant pas vu le jour - ce fameux roman inachevé commencé lorsque j'avais 10 ans, que j'ai d'ailleurs recommencé suite à cette lecture et qui pour l'instant traîne en note sur mon téléphone portable, avec plus de questions en suspens que d'intrigue en création.


Les quatre tomes se suivent très bien et on ne ressent pas de grosse différence entre le premier et le dernier malgré les presque 10 ans qui les séparent. L'autrice a donc fait un fantastique travail pour conserver le même ton, le même style et la même énergie tout en faisant évoluer ses personnages, en maniant à la perfection les rebondissements, les cliff hangers et autres page turner. Le troisième tome est peut-être le seul qui tourne un peu en rond avant l'apothéose finale du quatrième tome, et pour autant, l'histoire avance, révélant un nouvel environnement, et on ne ressent pas de longueur. Quelques expressions reviennent en boucle, quelques tournures de phrase ou mots de vocabulaire ne sont pas toujours idéaux, mais ce sont de bien mineures critiques face à tout le positif que je retire de cette lecture. Si vous aimez la fantasy, cette saga est à ne pas manquer.



Annie Ernaux a reçu le prix nobel de littérature en 2022, et depuis, ses écrits envahissent littéralement toutes les étagères de toutes les Fnac de France et de Navarre, et même de Belgique. Aucun ne m'attirait particulièrement à la lecture des quatrièmes de couverture, ou bien le prix était pour la première fois un élément bloquant - le livre de poche n'échappe pas à l'inflation et à l'augmentation du prix du papier (+170% il me semble !). Curieuse tout de même de comprendre le phénomène, j'ai jeté mon dévolu sur cette conversation par mails interposés, au cours de laquelle Annie Ernaux tente d'expliquer sa démarche, ses intentions d'écriture. C'était très intéressant, et malgré quelques moments où j'ai pu avoir l'impression qu'elle se contredisait, je trouve toujours fascinant de comprendre pourquoi des artistes font ce qu'ils font - quelles sont leurs réflexions, quel est leur cheminement, que recherchent-ils. Si le besoin d'écrire peut être viscéral et relever de l'inconscient, la forme que cela prend peut être très ancrée dans le réel et le concret (visée politique, sociale, ...), un peu comme c'est le cas d'Annie Ernaux à mon avis et au regard de cet écrit.



Et voilà pour cette sélection hivernale. J'espère que cela pourra vous donner des envies de lecture ! Et vous, qu'avez-vous lu au cours des derniers mois ? Dites-moi tout ! J'ai déjà hâte au printemps (je suis déjà en train de lire deux livres en même temps en ce début de mois de mars, ça promet).


À très vite les cocos !


xoxo



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