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VOYAGE AU BOUT DU JARDIN

Hello tous !

Mes petites réflexions et moi sommes de retour. Cet article a été commencé mi-avril et a été quelque peu laborieux à écrire. Comme pour beaucoup d'entre vous, mes émotions font un peu les montagnes russes en ces temps étranges. Je souhaitais aborder plusieurs aspects de cette période confinée, ma façon de la vivre, et puis surtout apporter un peu de poésie au quotidien.

Le confinement, on ne parle plus que de cela, comment le gérer, comment s'occuper, comme si chaque individu était un bébé en plein éveil qu'il fallait stimuler. A trop écouter les informations de la télévision française, on dirait que tout le monde se retrouve sans rien faire du jour au lendemain et est trop démuni pour savoir comment optimiser ce temps et qu'il faut donc les aider et leur proposer des tonnes de choses à faire : c'est faux. Certes, une grande partie de la population se retrouve dans ce cas, mais une autre grande partie continue de travailler de chez soi ou bien sur le terrain. Donc non, tout le monde n'a pas du temps pour faire des cookies ou du pain. D'autant plus s'ils ont des enfants, ils n'ont pas de temps du tout, les enfants ayant eux-mêmes de quoi s'occuper avec les cours à distance.

Globalement, les gens ont voulu mettre absolument à profit ce "gain" de temps (ils ne perdent plus 3h dans les transports en fait!). J'en fais partie l'air de rien, car j'ai fait plus de yoga et j'ai développé mon compte Instagram à ce sujet (encore timidement, mais tout de même, j'ai publié plus de photos en trois semaines qu'en trois mois sur ce compte, et je me suis même mise à faire des story et des live!). Mais voir cette frénésie soudaine a réussi à me faire culpabiliser de ne pas en faire assez alors que je travaillais encore temps plein jusqu'à mi-avril. Et pourtant je n'ai pas rien fait à côté : chaque matin, je donne entre 30 et 50 minutes de cours de yoga à ma famille (et à ceux qui suivent mes lives deux fois par semaine), j'ai écris deux articles de blog avant celui-ci, j'ai bouclé presque trois modules de mes cours en ligne que j'avais totalement délaissés en février et je me suis octroyée de vrais week-end à peindre et écouter des podcasts, ou simplement à prendre le soleil. Pourtant je culpabilisais de ne pas faire de pain, de ne pas progresser sur mes positions de yoga inversées, de ne pas écrire mes romans, de ne pas écrire assez dans mon blog, de ne pas développer des outils pour ma peut-être future activité de yoga, de ne pas avancer plus vite dans mes cours, de passer trop de temps devant la télévision à regarder des émissions déco ou des séries, de passer trop de temps sur les réseaux sociaux à chercher de l'inspiration au lieu de faire quelque chose.

Certaines personnes ont pris le pied inverse et ont décidé de ralentir en se recentrant sur elles-mêmes. Et si elles avaient raison? Pourquoi cette suractivité soudaine ? La situation en elle-même est assez anxiogène pour ne pas en plus se stresser de ne pas en faire assez ! C'est comme si on était tellement habitué à être tout le temps dans le mouvement, dans l'action, dans le faire, dans le toujours plus, dans la croissance, qu'on ne savait plus profiter du temps qui passe, qu'on ne savait plus s'ennuyer, se poser, être avec soi-même.

Comme tout le monde, je rêve de sortir, de grand air, de randonnées (oui, même ceux qui n'en ont jamais fait en rêvent en ce moment, j'en suis sûre, comme tout ceux qui n'avaient jamais couru se sont subitement mis à faire du jogging!), de liberté ! Je vous invite donc à voyager au bout de votre jardin, balcon, salon : fermez les yeux, le visage tourné vers le soleil si possible, inspirez, expirez, imaginez une belle forêt ou la plage et le ressac de la mer, et écoutez autour de vous. Ouvrez les yeux. Puis faites ce que vous voulez/pouvez ! Chacun son rythme, sa façon de vivre les événements récents. Si vous préférez vous tenir occupés pour éviter de penser, vous trouverez toujours quelque chose à faire (heureusement, Internet fonctionne encore et on peut se procurer des denrées alimentaires pour développer ses talents culinaires). Si vous avez envie de ralentir, rien ne vous en empêche et ne culpabilisez pas pour cela. Vous avez les ressources en vous pour faire face à cette situation. Et je vais appliquer aussitôt mes propres conseils !

Une pensée pour les infirmiers, les caissiers, les médecins, les pompiers, les policiers, les urgentistes, les conducteurs, les gérants de petites entreprises, les personnes violés et violentés, les sans-abris, tous ceux que j'oublie, et pour ceux qui vivent un deuil prématuré.

Et pour mettre un peu de poésie dans votre journée et de baume au coeur, je vous emmène avec moi au bout de mon jardin... comme si j'étais aussi grande qu'une fourmi.

Une grande étendue boisée s'étale devant moi, faite de petite collines bien alignées. A mesure que j'avance, des immenses troncs de bois pointus et acérés comme des épées se dressent sur mon chemin. En les évitant délicatement, je peux sentir toutes les nuances de bois et les vibrations du sol sous mes pas. De gros grains de poussière roulent de part et d'autre des collines, accompagnés de légers filins bigarrés qui virevoltent, laissant sur leur chemin un musc de fauve, pesant dans l'air et venant me chatouiller les narines. Il n'en faut pas plus pour me faire éternuer. Remise de mes émotions et de mes allergies, j'aperçois derrière ses collines étranges une mer minérale. Quelques pas plus tard, j'arrive à la frontière entre le bois et la pierre, entre l'ombre et la lumière.

Je saute du haut de la colline pour atterrir sur ce nouveau sol dur et chaud. Le soleil tape fort et m'écrase sous ses rayons, me forçant à mettre la main en visière pour protéger mes yeux clairs. Je retire mes chaussures pour sentir sur ma voûte plantaire cette chaleur bienvenue. La lumière solaire joue sur cette surface, révélant des tons rouges, verts, gris. Cette mer minérale semble s'étendre à perte de vue. J'avance tout de même, persuadée que le fraîcheur se trouve au bout du périple.

Après quelques temps, je rencontre une nouvelle surface que je n'avais pas pu deviné depuis les collines de bois. C'est gris et encore plus chaud que la pierre. C'est aussi coupant et dangereux : des ponts très fins se croisent pour permettre de passer, mais à la moindre erreur, c'est le plongeon assuré dans un abîme sans fond. Je remets mes chaussures puis tente un pied timide sur ce pont étroit et pentu. Malgré la chaleur écrasante, je suis contente que la surface métallique ne soit pas mouillée, auquel cas elle aurait été glissante et la traversée aurait été une autre paire de manches. Les bras à l'horizontal tel le Christ de Rio, je trouve mon équilibre et joue les funambules. Je perds la notion du temps à force de concentration.

Soudain, aussi subitement que le métal était apparu, la pierre est de nouveau là. J'envoie valdinguer mes espadrilles et touche du bout des orteils d'abord cette pierre beige ici, grise là-bas, rosée derrière moi et verdâtre au loin. Elle n'est plus aussi chaude que là-haut, plusieurs heures ont dû s'écouler. Qu'à cela ne tienne, cette découverte est de bon augure. J'avance d'un pas décidé, les petits cailloux s'enfonçant douloureusement dans mes talons. Le sol n'est pas droit, il monte légèrement puis redescend de la même façon.

Enfin, j'aperçois une oasis de verdure au loin. Un grand sourire sur les lèvres, j'accélère le pas et me retrouve bientôt face à une forêt d'herbes folles d'un vert intense. Je hume les bonnes odeurs émanant de la terre ferme avant d'y sauter à pieds joints et de m'y rouler pour m'imprégner de toutes ces effluves de racine et de compost. Les herbes me dépassent et me cache momentanément le ciel bleu. Je croise des fourmis plus affairées que jamais et reste étendue là, les cheveux directement dans le terreau, accueillant avec bonheur le reste de chaleur de la journée. Quand se rouler dans l'herbe est le plus pur des plaisirs, il ne reste pas grand chose à faire à part fermer les yeux et sourire.

A des jours meilleurs, où nous pourrons dévaler des collines à taille humaine et enfin tous se serrer dans les bras !

Sur ce, je vous dis à la prochaine avec des articles radicalement différents !

Xoxo

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