Véritable retour en France après près d’un an et demi en terres québécoises, j’ai réussi à être parfois déboussolée dans mon propre pays. Pour la première fois, je me suis vraiment rendue compte des différences culturelles, et des habitudes outre-atlantiques que j’ai intégrées.
Ainsi, j’ai bugué lorsque j’ai voulu payer par carte : pas de question de crédit ou de débit, ici il n’y a qu’une seule carte, la carte bleue (qui n'est plus forcément bleue !). Je parle de dollars constamment, j’attends que les portes du métro s’ouvrent toutes seules (ce qui n’est pas le cas sur toutes les lignes parisiennes), je rajoute systématiquement les taxes dans ma tête, et même parfois le tips avant de réaliser pour mon plus grand bonheur qu’il n’y en a pas besoin, j’attends parfois au feu rouge alors qu’il n’y a pas de voiture, je ne supporte pas vraiment les gens qui râlent ou qui me bousculent ou qui me passent devant pour monter dans le métro (même si je peux me surprendre à faire tout cela moi-même !), je suis étonnée de voir que les bars et clubs sont encore ouverts après 3h du matin, que le métro circule encore jusqu’à presque 2h, et je me sens presqu’en effraction lorsque je vois des gens fumer autour de moi en terrasse. Je suis d’ailleurs choquée du nombre de fumeurs. Je remarque que les gens s’habillent beaucoup en noir, bleu marine, gris … peu de folies vestimentaires (avec mon manteau rose, je me suis sentie observée !), mais tout de même quelques soucis capillaires de ci de là, à mon plus grand désarroi (non, je n’adhèrerai jamais aux cheveux roses ou verts ou tie&die, chacun ses goûts, mais pour moi, c’est niet !). Je repère l’accent parigot, je reconnais l’accent banlieusard, et je réalise que cela ne m’avait pas manqué d’entendre les pimbêches ou les bobos se prendre pour ce qu’ils ne sont pas avec leurs grands airs et leur petit look uniformisé. Et je me dis aussi qu’il y a quelques années, j’étais très certainement un petit peu comme ça (peut-être le suis-je même encore aujourd'hui, au fond de moi !)… Je suis éberluée de devoir ouvrir mon sac à l’entrée de n’importe quel magasin (ce n’est pas pour autant que j’ai ressenti un climat hostile ni de peur : il y a toujours autant de monde partout, les gens rient, boivent, sortent, vivent en somme), d’avoir pu oublier qu’il était impossible de voir une expo à Paris sans avoir réservé son billet à l’avance ou bien sans venir tôt le matin (morale de l’histoire : je n’ai pas pu voir l’exposition sur Oscar Wilde !), et de ne plus voir de cadenas sur le Pont des Arts. Sans oublier le monde sur les trottoirs étroits et dans les couloirs du métro, le nombre de voitures qui klaxonnent bruyamment, les odeurs dans le métro, l’existence de pièces de 1 et 2 centimes, et bien d’autres choses … La liste de tous ces micros-détails de décalage culturel serait trop longue.
Et plus que tout, je me demande comment je peux vivre sans Paris, cette ville belle comme un rayon de soleil, remplie de gens insupportables à qui je m’identifie pourtant sans grande difficulté. Je me demande comment je peux vivre sans le Sud et ses paysages magnifiques, ses accents chantants que je redécouvre le temps d'une escapade de 3 jours. Je me demande comment je peux vivre sans les Alpes et leurs monts enneigés où il est agréable de skier, à une altitude digne de ce nom. Je me demande comment je peux vivre sans la France et sa gastronomie, sa culture, son Histoire. Je me demande comment je peux vivre sans la proximité du reste de l’Europe où il est facile de voyager.
Oui l’air de rien, ça m’avait manqué cette effervescence, cette arrogance, cette effronterie, cette désinvolture françaises. Ce confluent multiculturel emprunt d’habitudes méditerranéennes et de rigorisme nordique. Cet air de méfiance apparent qui s’envole durablement une fois la glace brisée.
Je me suis sentie déconnectée du quotidien de mes amis : tous plus ou moins en couple (y en a bien 1 ou 2 qui est/sont dans la même situation que moi, ouf !), plus ou moins installés (c'est Paris, faut pas pousser !), avec une bonne situation (comprendre : un job, un vrai, que l'on a en sortant d'école d'ingé, et le salaire qui va avec, en euros, et les horaires de bureau qui vont avec), ... Bref, je suis à 10 000 lieux de tout ça, aussi bien physiquement que mentalement ! (mais ne vous inquiétez pas les amis, je n'ai pas dit mon dernier mot ! #projets #ambition)
Mais c’est tout de même avec un certain soulagement et un certain bonheur que je vais retrouver Montréal dans peu de temps, où la vie semble plus lisse, plus calme, moins en dents de scie (alors que, clairement, c'est FAUX ! et surtout pour ma vie). Bien que Montréal grouille de monde et vibre de festivités (l’Igloofest arrive en Janvier !), il y a plus d’espace pour chacun, dans la rue, dans les parcs, dans le pays tout entier, et même visuellement dans le ciel. C’est simplement différent et cela me convient pour l’instant. C'est mon chez-moi du moment.
Xoxo.