Vendredi 13 Novembre 2015
Je me réveillais d'une sieste, prête à cuisiner avec une amie une énorme citrouille rescapée d'Halloween, pour la transformer en soupe, gratin, gâteau et confiture, en vue d'un dîner entre amis dans mon petit appartement du Plateau, lorsque j'ai ouvert Facebook, et que, comme pour Charlie Hebdo, les informations en direct m'ont sauté aux yeux, dans toute leur atrocité, sans pudeur aucune.
L'angoisse est montée d'un coup en voyant dans quels quartiers de Paris, ma ville natale, avaient lieu les attentats. Accrochée à mon téléphone et mon ordinateur comme jamais, j'essayais par tous les moyens de communication possible de joindre mes parents, ma famille, mes amis, pour m'assurer que tous mes proches allaient bien, que personne n'avait été touché.
Rassurée sur leur sort, je continuais d'actualiser les sites d'informations en direct. Nous échangions en temps réel sur la situation à Paris, au Bataclan, avec mes amis français à Montréal. Que fallait-il faire ? S'arrêter de vivre et porter le deuil ? Ne pas renoncer aux soirées organisées et faire la fête malgré tout ?
Par chance, aucun d'entre nous n'a été touché de près ou de loin par ces attentats. Nous avons donc choisi la 2nde option pour revendiquer non pas les "Pray for Paris" lancés sur les réseaux sociaux et à demi rejetés par beaucoup de français gênés, à raison, par la trop forte connotation religieuse véhiculée alors même que ces attentats sont la conséquence d'un fanatisme religieux, mais plutôt les "Je suis en terrasse" et autres phrases similaires, porteuses d'espoir.
Daesh et l'EI ont voulu s'en prendre à la culture, aux divertissements, à la musique, à la joie de vivre, à l'alcool, à la jeunesse libre. Nous serons plus forts que cela, nous ne cèderons pas. Le climat de peur dans lequel est plongé Paris, et par extension la France (et les autres pays d'Europe, comme notamment la Belgique), depuis plus d'une semaine est compréhensible, mais le peuple français ne se laissera pas abattre si facilement. L'Histoire a montré que nous sommes prêts à nous battre pour nos valeurs telles que la liberté et les Droits de l'Homme, l'amour et l'éducation (si le gouvernement français veut bien se souvenir de l'extrême importance de cette dernière avant que ce soit l'hécatombe !).
À Montréal, avec nos 6h de décalage horaire, nous avons pu suivre toutes les étapes de l'attentat jusqu'à la fin de l'intervention du RAID au Bataclan. La soirée n'était donc pas encore trop avancée chez nous lorsque tout a été fini. Ainsi, le soir même, des gens ont organisé un rassemblement spontané devant le Consulat de France avec des bougies en mémoire des victimes des attentats.
Le lendemain, samedi 14 Novembre 2015 à 15h, un rassemblement un peu plus préparé a été organisé à nouveau devant le Consulat de France. Après quelques discours, la Marseillaise, une minute de silence et "Imagine" de John Lennon a capella, nous sommes rentrés chez nous le coeur lourd mais heureux dans un sens d'avoir été là, parmi les 5 000 personnes (selon les médias), majoritairement des français expatriés, dans le froid.
Le dimanche 15 Novembre 2015 à 10h, une marche dans Montréal, de la Place des Arts au Consulat de France a également été organisée.
Plusieurs bâtiments, dont la Tour de la Flamme Olympique, la Grande Bibliothèque et l'UQAM, ont arboré les couleurs du drapeau français. Bien que nous ne soyons pas le seul peuple touché par des attentats meurtriers, et que cela soit d'ailleurs sujet à débat, en tant qu'expatriée, loin de ma famille et de mes amis d'enfance, cela a fait chaud au coeur.
Merci Montréal.
Bien qu'il y ait matière à débat(s), politique et médiatique, je ne veux pas en lancer. Je suis peinée lorsque j'entends qu'ailleurs, à Bagdad, à Beyrouth, en Turquie, en Syrie, des attentats ont lieu aussi. J'ai des amis dans certains de ces pays, je suis très triste pour eux, et je ne comprends pas pourquoi ils ne suscitent pas la même compassion mondiale que la France, si ce n'est peut-être que dans l'esprit des pays dits occidentaux, c'est absurde et inhabituel que des attentats de telle sorte subviennent en France, tandis que c'est presque le lot quotidien de certains pays du Moyen-Orient, d'Afrique, d'Amérique Centrale et du Sud, ou d'Asie. Autant j'avais été choquée de l'ampleur médiatique de Charlie Hebdo et je n'ai jamais été Charlie bien que fervente défenseure (ou défenseuse - les deux sont des néologismes en passe d'entrer dans le dictionnaire si ce n'est déjà fait) de la liberté d'expression, autant je suis touchée et reconnaissante des messages de soutien du monde entier qui nous sont parvenus pour ces funestes attentats. Je veux donc essentiellement et simplement faire passer un message d'amour et d'espoir depuis l'autre côté de l'Atlantique.