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L'AUTO-ÉDITION, CETTE AVENTURE INSOUPÇONNÉE



Hello chère lectrice, cher lecteur !


J'espère que les premiers jours de 2023 sont tout doux et que tu te prépares au froid qui s'annonce. Ici, une fois n'est pas coutume, c'est pluie, pluie et re pluie. On a eu une petite panne de chaudière mais tout est rentré dans l'ordre juste à temps pour la vague de froid.


Après ce petit "chit-chat", entrons donc dans le vif du sujet : mon expérience de l'auto-édition.


Avant de parler de mon vécu et de mes erreurs (car il y en a pleins), j'aimerai rappeler qu'il y a mille et une raisons de se lancer dans l'auto-édition : certains choisissent ce mode d'édition par dépit de trouver une maison d'édition, certains pour avoir un contrôle absolu sur tout le processus (titre, image de couverture, etc...), certains pour gagner plus d'argent, certains car ce n'est pas un genre qui s'édite en ME, etc.... et certains pour plusieurs de ces raisons à la fois. Et ça ne veut pas dire que c'est mieux ou moins bien qu'un écrit édité en maison d'édition - comme dans tous les domaines, c'est juste différent, ça a ses avantages et ses inconvénients.


Pour ma part, j'ai choisi le format de l'auto-édition parce qu'après recherche de maisons d'édition et quelques envois, j'en suis venue à la conclusion que :


1) la nouvelle n'est pas un genre en vogue et les maisons d'édition les plus connues n'en éditent pas (elles ne font que de la réédition des auteurs "classiques" ou ayant déjà fait leurs preuves avec des romans) ;


2) il y a très peu de maisons d'édition dédiées à la nouvelle, elles sont donc soit sur-sollicitées, soit très petites et invisibles (et pour la deuxième catégorie, j'avais très peur de me faire avoir par un mauvais contrat d'édition).


Et 3) je voulais clôturer ce projet qu'était l'écriture de mon recueil de nouvelles, l'achever et passer à autre chose. Et pour moi, l'achever passait par l'éditer, ou en l'occurence l'auto-éditer.


Entre le moment où j'ai décidé de l'auto-éditer et le moment où j'ai finalement ouvert ma page de vente, il s'est passé un an pour diverses raisons :


1) j'ai fait une dernière relecture ... puis une seconde dernière relecture ;


2) il a fallu que je choisisse si je souhaitais faire une campagne de socio-financement ou bien me lancer directement sur mon blog avec une page de vente (et le choix et moi, ça fait 2, vous le savez depuis le temps !) ;


3) j'ai dû créer mon statut d'auto-entrepreneur (et il a fallu choisir si je me mettais dans la catégorie des services avec l'URSSAF ou du commerce avec Infogreffe - argh encore et toujours le choix) ;


4) qui vient un peu avant le point 3 en réalité, j'ai attendu de savoir dans quel pays on serait pour me lancer (si on avait été au Canada, je n'aurais pas créé ma micro-entreprise en France !).


Comme vous le savez donc, je n'ai finalement pas fait de campagne de socio-financement, car non seulement c'est une activité chronophage - comme la promotion de son livre mais nous y viendrons après - et au moment où j'y songeais, je n'aurais pas pu m'y consacrer (ce qui voulait dire que mon projet n'aurait peut-être jamais vu le jour), mais aussi car Ulule (la plateforme sur laquelle je pensais créer ma campagne) aurait pris 8% de l'argent récolté si j'atteignais les 100%. Et 8%, je trouve ça énorme, même si c'est normal qu'ils se rémunèrent.


Bref, pour moi, "les calculs n'étaient pas bons", et dans tous les cas, j'aurais dû créer mon statut d'auto-entrepreneur par la suite, donc j'aurais payé des impôts sur un montant collecté dont on m'aurait déjà pris 8%. Non. Et aussi, la peur de l'échec était bien là : si je n'atteignais pas les 100%, je n'avais rien en poche - donc j'aurais dépensé toute cette énergie pour rien. Et il aurait fallu recommencer de 0 pour la promotion du recueil.


Me voilà donc en janvier 2022, pleine de bonnes résolutions à vouloir créer mon statut d'auto-entrepreneur.


Et voilà l'URSSAF qui me dit que l'activité "AUTOÉDITION" dépend d'Infogreffe, puis Infogreffe qui me dit que ça dépend de l'URSSAF. Dans la même période, on prend des billets aller simple pour Montréal, et une semaine après, on réalise que finalement, on ira peut-être à Bruxelles. Donc je laisse traîner. Et en avril, enfin, je me lance et me déclare auto-entrepreneur auprès de l'URSSAF (et bien sûr l'auto-édition n'est pas mon activité principale).


Donc là, c'est bon, j'ai le statut, "y a plus qu'à" comme on dit. J'enclenche ma seconde dernière réécriture, je me renseigne sur ce que je dois faire pour mettre en place une page de vente sur mon site - m'inscrire sur Stripe, connecter stripe à Wix, créer les pages, préparer les textes, les photos, renseigner les informations. Vient la question du prix.


ERREUR n°1 : inclure la livraison dans le prix du livre.


Je fais mes calculs de prix sur un tirage de 256 exemplaires avec CoolLibri (un site internet qui permet d'imprimer très facilement ces livres en France), tout en me disant qu'un livre de poche de 250 pages, c'est rarement au-dessus de 10€ donc, 9,99€, c'est pas mal. J'hésite à inclure la livraison, Wix me demande de préciser le coût d'envoi par pays, or je n'en ai aucune idée du coût par pays et j'ai peur que les gens soient rebutés par des prix de livraison du même montant que le livre en lui-même, ainsi pour me simplifier la vie, je décide d'inclure ces coûts dans le prix du livre. En réalité, je n'ai aucune conscience du coup d'envoi du livre, je ne suis pas allée vérifier à la poste ! (Je découvrirais plus tard que, dans mes calculs, j'ai surévalué le coup de l'enveloppe donc l'un dans l'autre, on s'y retrouve presqu'un peu.)


Pour finaliser le livre en lui-même, il faut se procurer un code ISBN auprès de l'AFNIL. Et la première fois, ça coûte quelque chose comme 25€. Dans mon cas, je dois prévoir 2 codes ISBN car je veux aussi proposer mon livre en format ebook qui doit avoir son code propre puisque c'est un format d'édition différent de l'impression. Avec tout ça, je me dis qu'au cas où, autant prendre 10 codes d'un coup - j'ai plusieurs projets de livres ou de ebook en tête à ce moment-là, ce ne sera donc jamais perdu. Donc au total, j'en ai pour 50€ environ. N'oubliez pas dans la foulée de faire votre dépôt légal auprès de la BNF (ça se passe en ligne d'abord, puis il faut envoyer un exemplaire à la BNF - ne laissez pas traîner comme moi).


ERREUR n°2 : ne pas avoir un plan marketing pour le creux de la vague


Vient alors le moment de lancer les pré-commandes, et de faire la promotion. J'ai un plan simple pour la promotion de cette première phase : en parler sur tous mes réseaux sociaux et à différents cercles, et publier régulièrement. Demander aux gens d'en parler à un ami aussi. C'est chronophage : je prépare les textes et les images pour les posts, je fais des stories quotidiennes, je relance gentiment les gens qui m'avaient dit qu'ils en prendraient un. Ça fonctionne plutôt bien, mais je reprends un job à temps plein dans la foulée et je n'ai pas de plan pour le creux de la vague : je manque de temps pour continuer ma communication "massive" et j'oublie même d'en parler dans certains groupes d'amis.


Après quelques commandes, ma peur de sur-production (dû aussi à mon manque de préparation pour la promotion du livre) prend le dessus et je décide d'imprimer une centaine de livres. Au lieu de 256. Le prix à l'unité est donc radicalement différent, et je suis déjà presque dans le rouge alors que je n'ai pas envoyé un seul exemplaire.


ERREUR n°3 : oublier les frais de l'URSSAF dans le prix du livre


Pour m'enfoncer davantage dans le négatif, bien que j'eusse pris en compte les frais de Stripe qui s'élève à 6% environ (puisque j'avais pensé à ceux d'Ulule au tout début), j'avais complètement oublié qu'au moment de déclarer mes revenues, l'URSSAF me prendrait 12,5% ! Je déchante donc en remplissant ma déclaration. Mes missions en freelance me permettent d'absorber ces frais, mais la rentabilité de ce projet d'auto-édition est au plus bas.


ERREUR n°4 : ne pas négocier avec La Poste


Les livres sont arrivés chez mes parents, tous beaux, tous neufs. Je déballe les cartons comme une enfant le matin de Noël, puis cours chez Action pour trouver les enveloppes et quelques bricoles d'arts & crafts pour créer des petites cartes et des marques-pages à glisser avec le livre pour mes gentils clients (Action, c'est pas écolo, mais c'est pas cher et je n'ai pas le temps de chercher des alternatives aussi économiques). Je n'ai même pas calculé les coûts de ces derniers ajouts, j'ai arrêté de compter, on va dire. Je me suis fait une raison : je ne serais pas rentable. Qu'à cela ne tienne, je suis aussi excitée qu'effrayée que des gens tiennent enfin mon recueil de nouvelles dans leurs mains. Je ne peux plus reculer maintenant, autant que ces personnes qui m'ont fait confiance aient une expérience agréable.


J'arrive donc à La Poste, accompagnée de mon père et de nos sacs de courses remplis d'enveloppes cachetées et renseignées aux adresses des futurs lecteurs. Et commencent alors l'achat des timbres (ça coûte un bras ...) et leur apposition en haut à gauche des carrés blancs de 200 grammes. Jusqu'à ce qu'une employées de La Poste s'approche et nous demande : "vous êtes une entreprise?". Car oui, il y a des tarifs entreprise ! Tout se négocie et je n'y avais même pas pensé ! Et le pire dans tout ça, c'est que j'avais lu cette information un an avant, mais je l'avais complètement occulté. La Poste a même des tarifs spéciaux pour l'envoi de livres à l'étranger. Oui, je suis une quiche.


ERREUR n°5 : déménager à l'étranger en cours de route


En septembre-octobre, les ventes continuent doucement (elles s'essoufflent un peu dû à mon manque de communication), et il faut envoyer de nouvelles enveloppes. Je suis en Belgique, je me dis que les prix vont être similaires à la France. Je pousse donc la porte d'une bPost, confiante. Avant d'en repartir livide. Le fait d'être en Europe n'a aucun impact sur le coût d'envoi d'un livre, seul le fait de changer de pays prime : depuis Bruxelles, ça me coûte quasiment aussi cher d'envoyer un livre en France qu'au Canada. Je pense rentrer en France pour un week-end et en profiter pour passer par La Poste, mais ça tombe à l'eau. Je me résigne donc à retourner au comptoir de la bPost parce que mes clients attendent et on ne peut pas faire attendre ses clients indéfiniment.


Donc, pour ceux qui pensent que s'auto-éditer, ce sera synonyme de gagner plus ... spoiler alert : si vous êtes aussi "nouille" que moi (qui ai pourtant fait des études scientifiques et qui suis censée savoir compter, mais on ne dirait pas !), c'est non. Il y a plusieurs raisons à cela :


1- le syndrome de l'imposteur : à cause de lui, on prend de mauvaises décisions du type "le prix est trop important pour la décision d'achat". C'est à la fois vrai et à la fois faux. Aujourd'hui, les gens sont au courant que les frais de port ne sont pas un dû (à part ceux qui n'achètent que sur Amazon maybe). D'autre part, le premier cercle de connaissances sera ravi (en général) de vous soutenir dans vos projets et ne sera pas découragé par des frais de livraison. En revanche, le livre de poche reste un objet relativement abordable, on ne peut donc pas en demander un prix trop loin du prix du marché.


2- le manque d'information : j'aurai pu fournir plus d'efforts à ce niveau-là, mais parfois on ne sait pas où chercher ou bien ça nous paraît tellement improbable qu'on n'y pense même pas (comme moi et La Poste). J'avais pourtant lu des articles de blog et suivi des comptes Instagram d'auteur.ices et d'éditeur.ices pour glaner des informations ici ou là - mais tant qu'on n'a pas les mains dans le cambouis, parfois, on ne réalise pas tous les tenants et les aboutissants d'une telle entreprise.


3- l'espace mental disponible : mener de front plusieurs projets à la fois, c'est bien, mais ça laisse moins d'espace mental et moins de temps pour faire correctement ses recherches, aller toquer à la porte de plusieurs imprimeurs, faire un vrai plan marketing, demander l'avis des gens autour de soi, etc etc ... et dans mon cas, je me suis aussi précipitée car je voulais mettre un point final à ce projet avant septembre - je savais que je reprenais un emploi, je gérais mon déménagement (mon expatriation), je finissais une formation, je voulais lancer d'autres services (rédaction, yoga), bref ... je n'en pouvais plus et j'ai peut-être un peu saboté les dernières étapes de ce projet.


Je vous conseille de lire ATTENTIVEMENT l'article d'Adeline du blog On met les voiles sur le sujet : elle a auto-édité son livre "Comment réussir ses photos de vacances ?" et vous explique les 10 étapes clés pour y parvenir.


Mon avis, mon ressenti


L'auto-édition est un beau moyen d'expression, car elle permet de garder le contrôle sur tout, du titre à la couverture, en passant par le texte lui-même. Il y a des projets qui s'y prêtent parfaitement et d'autres moins, mais c'est un ressenti personnel propre à chacun. Si on veut que ce soit rentable et que ça fonctionne, il faut être prêt à y consacrer du temps - beaucoup plus de temps qu'on ne le pense, puisqu'on a toute les casquettes sur la tête en même temps : auteur et éditeur, avec tout ce que ça implique.


Malgré tout - malgré le fait de ne pas être rentable, malgré les erreurs -, je ne regrette absolument pas mon parcours dans cette aventure un peu folle, et je suis prête à réitérer ! Je suis maintenant mieux armée pour auto-éditer un nouveau livre - difficile de ne pas l'être après toutes ces erreurs -, et j'ai même un projet radicalement différent pour 2023. Je compte également explorer d'autres canaux de distributions (à voir, j'y réfléchis).


Enfin, j'éprouve une bonne dose de fierté : j'ai mené ce projet d'écriture jusqu'au bout, mes premiers lecteurs m'ont transmis des remarques positives dans l'ensemble (ça fait taire un peu mon syndrome de l'imposteur), et je me sens délestée d'un poids. J'ai maintenant champ libre pour écrire une nouvelle histoire.



Et voilà la fin de cet article. Merci d'avoir lu jusqu'ici. J'espère que ça pourra aider une personne à ne pas faire les mêmes erreurs que moi. Partagez-moi vos projets d'écriture et d'(auto-)édition !


À la prochaine

xoxo




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