
Aller chez le coiffeur à Montréal, toute une histoire !
Première étape : trouver le bon.
Vous pouvez voir des salons ici et là, mais comme dans tous les commerces, excepté les restaurants, impossible de savoir combien une coupe va vous coûter sans entrer et demander.
J'ai commencé par faire des recherches sur internet, et tout ce que je trouvais me semblait hors de prix : minimum 40 $ pour une coupe homme, 60 $ pour une coupe femme ! J'avais halluciné lorsque Nico, mon ami qui habite NYC, m'avait écrit, désespéré de savoir que les New-Yorkais trouvaient cela normal de payer 100 $ pour un changement capillaire, et avais pensé que cela ne s'appliquait qu'à la Grosse Pomme. Je suis donc tombée des nues de voir qu'un océan séparant deux continents séparent décidément beaucoup de choses et surtout l'ordre des priorités.
Sur la page Facebook des PVTistes, plusieurs annonces pour des coiffeurs à domicile circulent, avec des coupes à un tarif défiant toute concurrence (de l'ordre de 15 $), ainsi que celles de certains salons offrant des réductions spécial PVTistes. J'aurai dû également me renseigner sur les écoles de coiffure, qui proposent, comme cela peut se faire aussi en France, qu'un élève prenne soin de vos cheveux pour une somme modique (et un temps indéterminé).
Mais il me fallait composer avec mon emploi du temps d'aide-serveuse qui ne laisse qu'une plage horaire restreinte l'après-midi ou bien le week-end et surtout avec ma vision d'une séance chez le coiffeur : pour moi, aller chez le coiffeur, c'est un moment de détente qui ne se planifie qu'à la dernière minute, un peu comme une séance shopping, un passage à la boulangerie après une dure journée ou une sortie au cinéma. Je n'y vais environ qu'une fois par an histoire de changer de tête, ramener de la fraicheur et me faire dorloter par des massages crânien pendant le shampoing. Si j'y vais 2 fois dans la même année, c'est soit que j'ai besoin qu'on prenne vraiment soin de moi et de rebooster mon égo, soit que j'ai vraiment une envie inopinée de changement radical.
Ainsi, en tant que grande feignante de la recherche ardue et compliquée du saint-graal des coiffeurs, j'ai poussé la porte du local en bas de ma rue pour planifier un rendez-vous, car dans mes souvenirs, mon coloc m'avait dit qu'il ne payait que 15 $ pour une coupe homme, donc après un hasardeux calcul, je ne devrais pas débourser plus de 30 ou 40 $ pour une coupe femme.
Seconde étape : ne pas annuler le rendez-vous et choisir sa future coupe.
Jusqu'à la dernière minute, j'ai hésité entre un simple rafraîchissement (les pointes, peut-être une mèche) et un changement radical. Je n'étais absolument pas sûre de moi. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu les cheveux aussi longs ... C'est joli, on peut faire plein de trucs avec ... Sauf que je ne prends jamais le temps de m'essayer à quelques coiffures élaborées, que je ne me trouve pas franchement top avec les cheveux tirés en arrière et que je perds beaucoup de cheveux - bien que j'en ai toujours une masse incroyable sur la boite crânienne.
Bref, il fallait tout de même laisser mon cuir chevelu entre des mains expertes.
Après le shampoing, j'ai tranché sur un coup de tête : une coupe courte, un carré flou. "Un carré déstructuré". Oui pardon.
Adieu la longueur.
Troisième étape : laisser la magie opérer (booster d'égo enclenché) et payer la note (salée).
Les deux bonhommes qui tiennent le salon sont des vrais moulin à parole, des personnages franchement sympathiques, non avares de compliments et de théories sur l'amour, presque séducteurs. À les écouter, je suis aussi magnifique à l'extérieur qu'à l'intérieur, et les crétins qui n'ont pas eu la décence de fondre pour mes yeux bleus sont gays, même s'ils ne le savent pas encore. D'autre part, mon signe astrologique donne du fil à retorde à n'importe quel homme. Bon, le temps du travail des ciseaux et du brushing, j'ai bien voulu les croire. Au moins, en sortant du salon, j'aurais mon égo booster à bloc pour quelques jours - peut-être un peu plus longtemps qu'avec simplement une nouvelle coupe.
L'un est danseur et a tout de suite reconnu mon port de tête - que je trouve cependant tassé depuis quelques années. C'est sans doute lui le plus bavard, et lui qui m'a coiffée divinement bien. Il n'a rien laissé au hasard, pas même mes cheveux rebels, qui malgré une coupe égale de part et d'autre de mon menton lorsqu'ils sont mouillés défient les ciseaux une fois secs et donnent l'impression que le côté droit est plus long que le gauche.
Lorsqu'il m'a annoncé le prix, j'ai cependant eu l'effet d'une douche froide : 65 $CAD. Et j'ai paniqué lorsque j'ai réalisé que je n'avais que 45 $ en cash dans mon porte-feuille (le salon étant petit, ils ne prennent pas la carte). Mais, il a été très gentil et surtout très confiant : il m'a dit de revenir payé le lendemain, que ce n'était pas un problème. Il a refusé que je lui donne les 45 $ tout de suite.
Je suis revenue le lendemain dès que j'ai pu. Heureusement que je ne vais chez le coiffeur qu'une fois par an.
Quatrième étape (à proscrire en théorie car la première étape aurait dû suffire !) : se renseigner après coup.
Le salon VoLume sur Duluth est en réalité très réputé ! Et vu le résultat, je le recommande, malgré le prix.
C'est sûr, je n'ai jamais été aussi satisfaite d'une coupe en sortant de chez le coiffeur, quoique j'avais encore du mal à réaliser que c'était bien ma tête dans le miroir. On m'a dit qu'avec cette nouvelle coupe de cheveux, j'avais l'air plus adulte, plus vieille, plus mature, plus "jeune cadre dynamique". Bref, il paraît que je fais plus mon âge et moins 19-20 ans.